Le Moto Club Polaroil

Le Moto Club Polaroil est, au départ, une association d'amis ayant en commun la passion de la mécanique. Ils ont en commun la même philosophie : faire rouler de vieux engins, avec une bonne dose de débrouille et de récup'. La panne, inévitable, fait aussi partie du jeu : elle offre le plaisir de réparer avec les moyens du bord, et permet les rencontres les plus inoubliables.

Ce blog présente les activités du MC Polaroil, dont le but est de féconder le bitume et propager les méthodes de réparation ukrainiennes(c)

mardi 18 mai 2010

La Polaroil Concentre !




Tout commence par une météo indiquant des trombes d’eau sur la Région Mystérieuses des Gorges, un intense débat s’engagea donc au sein du Moto Club Polaroil pour savoir où se déroulerait la Polaroil Concentre. Après l’étude approfondie des images satellites, des pressions atmosphériques et des proverbes météorologiques ancestraux qui déclarent qu’il n’y pleut que sur les cons, on se décida pour la Bretagne. C’est une forme de désespérance que d’aller chercher là-bas le soleil, mais nous ne fûmes pas déçus.

Jeudi matin, à l’aube de l’aurore, nous nous réunîmes ensemble de conserve, bravant les pléonasmes et la température glaciale. Il y avait là Mika Polaroil et sa GS 400 décorée façon Sukhoi, Valdo Polaroil et sa Machine d’Exception Ritalienne, Alex et sa Moto de Schmidt, ainsi que votre serviteur, le Chef et son américaine custom en bas, racer en haut. La route était ensoleillée, le rythme paisible, mais les sept petits degrés qui régnaient nous firent nous arrêter souvent, comme le kick du Sukhoi manifestement épris de liberté.






A Josselin, les témoins faiblissants de la même moto nous indiquèrent que le système de charge était totalement inopérant. Nous prîmes la décision de rallier Crozon au plus vite, avant la nuit, car Mosquito nous y attendait. Le lecteur attentif aura remarqué que l’objectif était ambitieux : rallier Crozon depuis Le Mans en moins d’une journée, mazette. A hauteur de Pontivy, une odeur âcre s’échappait du réacteur du Sukhoi. Je distinguai bien vite son origine : l’axe de roue arrière tournait au même rythme que la roue, chauffant ainsi à qui mieux mieux. J’invitai Mika, le pilote, à se ranger prestement sur le bas côté afin que l’on examine de plus près les dégats. Un bref examen nous appris qu’au moins un roulement d’axe de roue arrière s’était suicidé, que l’axe lui-même s’y était pratiquement soudé par la chaleur des frottements, et enfin que le flasque de frein arrière s’était usiné contre le moyeu, la géométrie du train arrière n’étant plus ce qu’elle était, et qu’enfin, la roue arrière était bloquée.




Inutile de dire que la réparation sur le bord de la route au moyen d’une bite et d’un couteau était vouée à l’échec. Nous cherchâmes où laisser la moto en attendant de rassembler les pièces nécessaires, et nous hélâmes un paisible retraité occupé à égorger des grillons au couteau de cuisine. M. Ledouarin, qu’il en soit ici remercié, nous offrit une place dans son sous-sol pour y garer la moto. Nous chargeâmes les bagages de Mika sur la Moto de Schmidt, qui devint La Mule, Mika s’installa au sommet de la pile de sacoches qui s’amoncelait sur la selle, je réglai les amortisseurs au plus durs et nous allâmes boire un coup à Pontivy pour élaborer un plan. Je postai un message sur fr.rec.moto pour connaître les références des roulements, puis nous eûmes un débat. Des mots comme « Assistance », « remorque » voire « camion » furent échangés jusqu’à ce que l’on décide plutôt de rejoindre le Moustique à Crozon comme prévu, afin d’avoir un avis supplémentaire et surtout de pouvoir picol^^^se retrouver au complet.




La route fut un petit peu arrosée, surtout vers la fin, alors que la température peinait à dépasser les 9 degrés. Seulement, une vingtaine de kilomètres avant notre destination, le soleil se leva, les nuages disparurent et un paysage magnifique se révéla à nous. Au détour d’un rond point, nous aperçûmes un individu de cuir vêtu, occupé à faire des gestes obscènes sur le bord de la route. Nous étions enfin au complet. Nous mangeâmes dans une charmante crêperie dont les mérites étaient vantés dans son livre d’or par Jean-Pierre Pernaut lui-même. Je ne sais si le chantre des métiers oubliés de la France rurale et poujadiste a préféré l’accorte serveuse, la patronne fripée, la collection de poupées en coiffe bigouden, ou les trois, mais l’adresse est pittoresque. Enfin, nous retrouvâmes notre camping, où nous pûmes évaluer les doses idéales de citron et de sucre de canne dans le ti-punch au rhum Charrette.

Le lendemain matin, il pleuvu. Nous prîmes le petit-déjeuner abrités par le local à vaisselle du camping, et échafaudâmes une solution pour réparer la moto. Petit un, rouler jusqu’à Pontivy retrouver M. Ledouarin et le Sukhoi. Petit deux, pendant qu’une équipe tente le démontage des pièces défectueuses, une autre, muni de la Machine Italienne d’Exception, fonce chez sa sœur et son beauf à Saint Brieuc récupérer un camion et des roulements grâce aux références de Vince le Pisteur. Petit trois, on squatte chez la frangine en question, qui n’est pas là et qui accepte qu’une bande de motards s’installe pour le week-end, foulant ainsi au pied un principe fondateur de la Polaroil Concentre : le camping sauvage. Concept déjà écorné depuis qu’on sait que la maréchaussée bretonne tire à vue sur les bivouacs. M’enfin bon, comme disait la grand-mère du Chevalier Noir, « m’enfin bon ». Merci beaucoup donc à Gwen et son mari de nous avoir hébergé. Ah, oui, donc, petit quatre, on boit l’apéro devant un poêle à bois en écoutant du bon son sur une chiée de chaîne hi-fi.
Donc, ça roule, nous accomplîmes la mission comme sur des roulettes, via une escale au Menez-Hom, parce que c’est joli, même s’il pleut.

M. Ledouarin nous apporta aide et assistance alors que Mosquito façonnait l’entretoise manquante à l’origine de l’explosion du roulement dans un tube d’acier, mais le remontage final montra qu’il n’était pas assez solide, il s’écrasait, comprimant ainsi les roulements de nouveau.







Après avoir chiné un tube de plus forte section chez le concessionnaire Ford d’en face, nous chargeâmes la moto dans le camion et nous prîmes la route de Saint Brieuc. Là, nous fîmes un apéro-bricole au pastis. J’ajustai le tube avec une précision micrométrique, l’œil aiguisé par l’anis étoilé, puis Alex fabriqua une rondelle d’épaisseur destinée à éloigner un peu le flasque de frein du moyeu afin que ce dernier tournasse librement. Ce fut fait et bien fait et nous pûmes nous accorder une palanquée de pizzas avant de nous écrouler, ivres de fatigue, ah non, ivres tout court.



Le lendemain, restait à régler le problème de charge, vu que le test du redresseur indiquait que ce dernier était HS. Nous fîmes une chouette balade à Paimpol, Perros Guirrec et tout un tas de bleds en –ec et en –ic dont je ne me souviens plus.




Nous échangeâmes moultes fois nos montures afin que tout le monde pilotasse, et j’eus malgré moi beaucoup de plaisir à essayer la Moto de Schmidt, même en duo. Très facile à mener, à placer sur l’angle, même chargée comme une mule, c’est vraiment une moto facile une fois que l’on a abandonné l’idée de distinguer quelque chose à travers la bulle jaunie et rayée. Bon, je ne suis toutefois pas encore prêt pour la greffe du balai qui distingue le béhèmiste du commun des motards. L’essai de la Ducati me fit plaisir, même si l’exploit consiste moins à rouler vite qu’à conserver son permis dans ces conditions. Moteur plein partout, partie-cycle rigide et légère, freinage qui oblige à fermer les paupières pour conserver les globes oculaires dans les orbites, c’est très efficace, mais ça fout les miquettes. Je montai trop brièvement à mon goût sur la Harley de Mosquito, assez cependant pour regretter les 300 cm3 en moins sur la mienne.




En plus, faut reconnaître qu’elle est classieuse avec sa selle de XS 650, son phare plus large, ses soufflets de fourche et les petits détails de finition made in Mosquito. Joker pour la peinture de réservoir . Ils sont peu nombreux à avoir apprécié la moto du Chef, certains se plaignant du guidon trop loin et trop bas, d’autres de leur dos mis à mal, ou encore des commandes trop avancées. Béotiens que vous fûtes, c’est juste qu’elle est encore en chantier.

Arrêt ravitaillement, du poulet rôti et des patates nous choisûmes, parce qu’il faut bien manger des légumes. Apéro, et Mosquito vînt à bout du circuit électrique du Sukhoi, et parvint même à faire fonctionner le démarreur électrique. Nous fêtames ça dignement, puis nous nous mîmes en tête de découvrir le bistrot local. Quelle bonne idée nous eûmes, l’endroit était vraiment animé d’une ambiance à nulle autre pareille.








Nous revînmes à la maison et éclusâmes encore quelques godets avant de pousser les watts et de s’envoyer du rock garage graisseux, du hip-hop new-yorkais ou du C Jérome, parce qu’on aime les poètes avant tout. Dimanche matin, certains connurent un réveil difficile tandis que d’autres profitaient de l’absence de leur progéniture pour reconstituer leur stock de sommeil. Nous chargeâmes les meules avant de faire craquer les moteurs. Nous prîmes congé de Mosquito, qui devait rejoindre Crozon à nouveau avant de rentrer le lundi en Charente Aquatique. Nous préparâmes un petit road-book de jardinage, environ 7h00 pour faire Saint Brieuc-Le Mans. Ca partait bien, le GPS réglé « au plus court » nous fit découvrir quelques coins sympathiques du côté du bassin de la Rance. Las ! L’embrayage du Sukhoi fit des siennes. Nous crûmes d’abord à un bris de câble, mais non, c’était la biellette de commande sur la rampe hélicoïdale qui s’était cassée. Je n’eus qu’à arrimer le câble sur ce qui restait de la biellette pour que Mika puisse reprendre la route, mais nous dûmes choisir un itinéraire plus direct. Tellement direct qu’à 20 bornes de l’arrivée, il est possible que nous ayons déclenché un dispositif de contrôle de vélocité. La réponse au courrier dans quelques semaines…

En conclusion, si la Polaroil Concentre s’est révélée un peu éloignée du cahier des charges originel ( Lozère et camping sauvage ), ben… C’était foutrement bien, et l’équipe constituée par Alex, Mika, Valdo et Mosquito n’engendrait pas la mélancolie. Merci à vous les gars, c’est quand vous voulez pour une autre balade. Dommage que Manolo, Gino et Toto n’aient pu se joindre à nous cette fois.










5 commentaires:

  1. Ouaip, un week-end d'enfer ! Le chef a juste omis de rappeler l'évaporation brutale du kérosène de la Ritalienne de service, ce qui a joué quelques tours à notre cher Valdo.
    Et puis, on aurait bien aimé avoir aussi avec nous Lolo et Juanito.
    C'est quand vous voulez les gars pour d'autres aventures aussi belles !
    MiKa "Makno" Polaroil

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  2. votre plume est magnifique chef, si j'ose m'expirmer ainsi
    Alex schmit

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  3. visiblement, vous vous amusates beaucoup, ça donne presque envie de s'acheter un 400 gs :)

    tom4.1

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  4. La mécanique à deux grammes, ça me réussit : j'ai même pas eu mal au crâne! :-)

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